“ Debout les Gueux “ 

Lorsque l’idée m’est venue de travailler sur le fait de présenter une liste aux Européennes de 2024, cette injonction s’est imposée à moi impérativement. Appliquer ce terme de “ Gueux “ c’était avant tout souligner mon identité et ma fraternité avec tous les parias, les indigents, les démunis, les marginaux et les exclus. 

Qui sommes-nous d’autres ? Si ce n’est que nous devons apparaître comme des passeurs (es), nous qui acceptons, en rejoignant le projet, de devenir les porte-voix de notre condition. En acceptant de prendre la suite des Villon, Hugo, Baudelaire, Richepin, j’ai cette ambition de vouloir entrouvrir la porte de la misère et témoigner de l’intérêt fraternel que les parias, les indigents les démunis portent à toutes et tous les citoyens européens.

Car la question est là. Aujourd’hui plus d’un Européen sur cinq est menacé de pauvreté ou d’exclusion sociale., soit 95,3 millions, fin 2022. Et la situation ne bouge plus depuis 2019. Bien au contraire elle stagne. Et la Commission européenne, qui s’est assignée l’objectif de faire baisser de 15 millions le nombre de personnes concernées n’en prend pas la direction, bien au contraire. Les objectifs de 2010 puis de 2020 sont loin d’avoir été atteints. La crédibilité de Bruxelles en a pris un sévère coup.  Et ce sont les enfants et les femmes qui subissent cette évolution inexorable.

C’est à nous de montrer qu’il est possible de dépasser l’Ordre moral que les élites veulent imposer car il est plus facile et moins onéreux de pratiquer la charité comme seule réponse.

Aujourd’hui, nous sommes devenus des anecdotes, tantôt comme un discours plus ou moins clairement identifié, des faits divers. Et ce que je vous propose c’est avant tout sortir du bois et utiliser le JE pour ne plus se cacher. D’une communauté placée sous le signe du manque – argent, nourriture – JE vous propose de rejoindre celle du Verbe haut. Qui mieux que nous sommes les mieux placés pour pousser un coup de gueule haut et fort. L’heure est arrivée nous qui nous réclamons d’une classe populaire, de prendre pour donner la parole à celles et ceux qui n’ont jamais eu droit de cité.

Or n’est ce pas un paradoxe en soi de que de parler au nom des sans-voix ? Nous ne voulons pas parler “ au nom de “, car cela pose toujours un problème de légitimité. Nous voulons parler pour et de Nous. Nous incarnons le manque de ceci, de cela, par définition nous sommes dépourvus du nécessaire et donc par définition nous sommes systématiquement écartés de l’espace traditionnel de l’écriture mais aussi de l’écrit. Nous sommes parfois conviés plus souvent tolérés pour servir de justificatifs dans certaines sphères de la représentation républicaine. Mais l’on nous situe généralement hors de toute expression qu’elle soit politique – souvenons-nous de la répression de la Commune – sociale ou de proposition.

Or qui mieux que nous pouvons parler de notre situation que nous et l’expression argotique de Gueux c’est reconnaitre que nous sommes des initiés prêts à relater notre expérience au citoyen (ne) non averti.

Une liste debout les Gueux c’est avant tout revendiquer une communauté de pensée, une volonté d’agir, avec les marginaux et un rôle de passeur entre deux mondes, celui de la rue et la pauvreté et celui du citoyen bien installé dans son confort social et financier. Constitué par définition d’une élite bourgeoise, cultivé et argentée.

Claquepatins, quêteux, loqueteux, joueurs de musette, clampins, loupeurs, voyous, marmousets et marmousettes, traîne-cul-les-housettes autant d’hommages qui nous sont rendus dans le vocabulaire populaire. Je revendique le droit d’être nommé ainsi, c’est ma légion d’honneur à moi, le cancer de la société, le sans dent…

Alain Guézou, Un des initiateurs de l’initiative

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